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La naissance du CS Vienne rugby club

Fondé en 1899, le Club Sportif de Vienne plonge dans les débuts animés du club, à l’époque connu sous le nom « football rugby ».

Le club voit le jour le 19 février 1899, porté par des étudiants du vieux collège de Vienne. Les premiers matchs, dont celui contre les lycées Ampère et Tournon en avril 1899, créent une atmosphère champêtre et festive, attirant l’attention des spectateurs. 

Malgré l’intensité des matchs, l’esprit des « parties de campagne » perdure. Le Club Sportif de Vienne, prometteur, vise à évoluer avec dévouement et discipline, anticipant une transition vers des matchs officiels dans des stades marquants. Une histoire marquée par la passion, où chaque défaite est une leçon, chaque victoire une fête, et chaque membre contribue à l’histoire vibrante du club.

Le CS Vienne rugby au fil des années

1900 La municipalité accorde officiellement au président Genevet la permission d’utiliser le terrain de l’Isle. Pendant quelques années les pratiquants sont assez peu nombreux et les « anciens » se transmettent présidence et capitanat selon les circonstances.

1904 M. Decurtil prend le commandement de l’équipe. Deux ans plus tard il cède le pouvoir à Vibert puis à Henri Royet, la première figure emblématique du club. Trois-quart centre de grand talent, il sera, sur le terrain et en-dehors, le véritable patron du club. La présidence sera assurée successivement par Genevet Sollier, Joseph Silvestre et Bouvard.

1907 Le CS Vienne arrive à un premier tournant de son histoire : les meilleurs éléments du « Stade viennois », récemment constitué, passent dans les rangs du club qui a opté pour les couleurs « bleu et blanc » et de bons résultats viennent couronner les efforts des joueurs et des dirigeants. 

1912 Le 7 janvier 1912, l’équipe du CS Vienne, commandée par Henri Royet remporte le challenge Brennus, qui plus tard deviendra le symbole du Championnat de France avec son célèbre bouclier. C’est le premier grand trophée remporté par le club. 

Période tragique :

La Grande Guerre de 1914-1918 infligea des blessures profondes au CS Vienne, tout comme à la plupart des clubs français. Henri Garcia, souligne que la moitié des joueurs de rugby français mobilisés ont péri, tandis que de nombreux blessés ne purent plus jamais pratiquer leur sport préféré.

Durant ces quatre années sombres, très peu de compétitions furent organisées, se limitant à quelques « coupes de guerre » régionales auxquelles le CSV ne participa pas. Après la coupure due à la Grande Guerre, un groupement de jeunes se forma, baptisé Football Club Viennois, arborant des maillots blancs et rouges. Leur seule ambition était de maintenir le rugby à Vienne en attendant le retour des aînés pour réintégrer le CSV.

Ascension :

En 1920, lors de l’assemblée des clubs, la Fédération Française de Rugby fut créée faisant ainsi disparaître le terme « football ». Le rugby gagna alors une popularité croissante avec de nombreux clubs et des stades de plus en plus remplis.

À cette époque, Elie Theau émerge comme une figure emblématique du club, marquant deux décennies de succès. Le championnat du Lyonnais, qualificatif pour le Championnat de France, atteint son apogée lors de la saison 1928-1929, marquée par la victoire de Vienne sur le FC Lyon en finale. Malgré la presse décrivant le match comme « hideux, » il reflète le tumulte qui s’empare du rugby français, entre lynchages d’arbitres, rumeurs de dopage, et primes pour affaiblir l’adversaire.

Heureusement, des rencontres comme celle entre Toulouse et Vienne, capturée par les actualités cinématographiques, rappellent des moments de beauté sportive. L’émergence de Marcel Deygas comme grand attaquant viennois souligne une nouvelle ère au centre.

La saison 1930-1931 marque un tournant avec le conflit des « douze » clubs, engendrant un tournoi du même nom et une ligue dissidente, créant des tensions avec les Anglais. Malgré cela, le CS Vienne demeure fidèle à la F.F.R., rétablissant l’harmonie avec les dissidents l’année suivante.

Consécration :

En 1937, le CS Vienne, sous la direction de Jean Etcheberry, a réalisé un parcours exceptionnel pour remporter le titre de Champion de France Excellence. Malgré des débuts difficiles en poules qualificatives, l’équipe a surmonté les obstacles, éliminant des adversaires redoutables lors d’une épopée mémorable. La demi-finale a été un tournant, avec une victoire remarquable contre le LOU à Saucières. La finale contre l’A.S. Montferrand a été l’apothéose avec un score final de 13 à 7. Malgré les critiques sur le format du championnat, cette victoire a réaffirmé la suprématie du CS Vienne et a ajouté un épisode dramatique à l’histoire du rugby français.

Portraits :

JEAN ETCHEBERRY

Jean Etcheberry, originaire du Boucau, a marqué l’histoire du rugby à Vienne. Arrivé en 1923, il devient rapidement capitaine-entraîneur, menant le club à plusieurs succès, dont le titre de Champion de France en 1937. Sa carrière de joueur, ponctuée de multiples rôles en équipe nationale, s’achève à 34 ans. En tant qu’entraîneur, son surnom de « Roi Jean » témoigne de son autorité et de son intégrité. Il était reconnu pour donner leur chance aux jeunes talents, formant plusieurs internationaux. En dehors du terrain, Etcheberry était un homme de cœur, passionné de nature et de culture. Sa fidélité au club et son impact sur le rugby viennois sont encore salués aujourd’hui.

ELIE THEAU

Elie Theau, joueur emblématique du Club sportif de Vienne de 1927 à 1947, a marqué l’histoire avec un record de longévité. Surnommé « Le prince Elie », il a contribué aux victoires du club, notamment en tant que capitaine lors des championnats de France. Malgré son talent reconnu, sa modestie l’a éloigné des feux de la rampe. Sélectionné plusieurs fois avec le Lyonnais, il aurait pu avoir une carrière internationale plus marquante, mais la guerre et des obligations professionnelles en ont décidé autrement. Theau détient un record unique en remportant trois titres de champion de France à trois postes différents. En tant qu’entraîneur-joueur, il a assuré la transition vers de nouveaux succès, marquant son amour du club et sa fidélité en amitié.

Des hauts et des bas :

Entre 1970 et 1979, le C.S. Vienne a traversé diverses saisons en seconde division. Sous différents entraîneurs tels que Jean Menusan, Claude Beyron, Robert Tourte, et Pierre Itier avec l’apport du technicien Pierre Conquet, l’équipe a connu des hauts et des bas. Des joueurs talentueux tels que François Skrela, Gilbert Genin, Gilles Delaigue, et Roland Lacroix ont marqué cette période.

En 1978, Yves Rabatel prend les rênes de l’équipe et mène le C.S. Vienne à la montée en première division grâce à une victoire sur Brioude. La ville célèbre cette réalisation, croyant que les moments difficiles sont enfin derrière eux.

Remontée en groupe a :

Dans les années 1979-1982, le CS Vienne, dirigé par Yves Rabatel, a connu des saisons mouvementées. En 1979-1980, malgré une élimination en seizième par Albi, l’équipe a affiché des performances solides. La saison suivante, avec l’arrivée de Lilian Camberabero comme entraîneur et le recrutement de joueurs tels que Philippe Braem et Alain Foïama, Vienne a atteint les huitièmes de finale mais a été éliminé par Mérignac.

En 1981-1982, après des changements dans la direction, l’équipe a bien performé avec un effectif de qualité. Vienne a atteint les quarts de finale en battant Castelnaudary mais a perdu en demi-finale contre Hagetmau. La même équipe, renforcée par des retours et de nouveaux joueurs, a débuté en groupe A, mais malgré une victoire contre Angoulême, elle a terminé dernière de sa poule et a été reléguée en groupe B.

Le passage éphémère en première division a été suivi d’une nouvelle descente, mettant fin à cette période mouvementée pour le CS Vienne.

Remontée en groupe B :

Dans la saison 1984-1985, Alain Gonnon prend les rênes de l’entraînement au CS Vienne. Malgré une équipe solide en avants mais limitée derrière, le club évite de peu la descente en deuxième division. Des difficultés financières menacent d’exclure le club de la compétition, mais un « Club des 100 » dirigé par Itier, Genin et Hicard intervient pour redresser les finances. Philippe Braem devient entraîneur, accueillant de nombreux juniors et trois Néo-Zélandais en cours de saison.

Malgré des signes de redressement, une défaite cruciale contre Bourg contraint le CS Vienne à redescendre en seconde division, deux ans après sa montée en groupe A. Les saisons suivantes sous la direction de Michel Greffe et avec la présence des Néo-Zélandais ne marquent pas de grandes réalisations. Sous Serge Morin en 1987-1988, le CS Vienne renoue avec la qualification mais perd en seizième contre le LOU, futur champion de seconde division, montrant des signes positifs malgré un effectif jeune et en manque de puissance.

Fin des années 90 :

 Le Club sportif de Vienne aborde la fin des années 1990 avec de grandes ambitions, mais une descente inattendue en troisième division crée des défis inattendus. Malgré deux victoires notables, les cartons jaunes s’avèrent coûteux, conduisant à une relégation. La saison 1995-1996, sous la présidence de M. Christian Gauvreau, voit le club atteindre son plus bas niveau historique, illustrant sa capacité à briller est indéniable, comme sa tendance à voler en éclats.

Malheureusement, des soubresauts internes et des conflits financiers compliquent la situation, contribuant ainsi à la chute du club au plus bas de l’échelle nationale. Une première dans son histoire. Malgré ces défis, la nouvelle équipe dirigeante fait preuve de résilience et d’engagement, refusant de mettre la clé sous la porte. Un épisode difficile, mais qui témoigne de la détermination des responsables à surmonter les obstacles et à revitaliser le club.

 

La saison 1996-1997 n’a pas permis au CS Vienne de sortir d’une situation embarrassante en troisième division, ponctuée de turbulences sportives. Christian Gauvreau, président, encourageait à ne pas prolonger cette période difficile et à retrouver la lumière. La saison suivante, permet au CS Vienne de terminer premier de sa poule et d’envisager l’accession en Nationale 2.

Pour la saison 1998-1999, l’objectif est de reconquérir ses lettres de noblesse. Le renforcement de l’encadrement technique et du recrutement, sous la direction de Michel Rochas, témoigne des ambitions du club. Bien que les objectifs démesurés soient évités, l’optimisme règne dès le premier entraînement, laissant présager une bonne saison pour le CS Vienne, dont l’attrait demeure fort malgré son passage temporaire en divisions inférieures.

Portraits :

GILBERT GENIN 

Gilbert Genin, arrivé en 1972, a été l’un des meilleurs joueurs du CS Vienne pendant plus d’une décennie. Surnommé « Le Buffle », il a marqué les esprits par sa puissance et son engagement, contribuant aux montées en 1979 et 1983. Après sa carrière, il est devenu un dirigeant dévoué, portant le club lors de moments difficiles, jusqu’à son décès en 1994.

PIERRE BOUDET

Un demi-de-mêlée venu du F.C. Grenoble en 1981, a rapidement impressionné par son intelligence de jeu. Il a été un élément majeur de l’équipe sous Yves Rabatel, contribuant à la montée en groupe A. Après un passage au C.O. Creusotin, il est revenu au CS Vienne en 1993 en tant que joueur et joueur-entraîneur, laissant une marque indélébile en tant qu’éducateur et technicien, malgré les descentes successives en 2e et 3e divisions en 1995.

PATRICK TRAUTMANN

À 41 ans, Patrick Trautmann défie la retraite pour rester un acteur incontournable au centre de l’attaque viennoise, démontrant toujours vitesse, technique et esprit collectif. Fils de l’ancien joueur Jean Trautmann, il a débuté au CS Vienne, devenant international junior en 1974. Après un passage à Nice et une participation à la finale de première division en 1983, il revient à Vienne en 1983-1984 pour contribuer à l’ascension en groupe A, bien que cette réussite ne dure qu’une saison. Son retour à Vienne est marqué par des performances éblouissantes et un impact positif sur le jeu de l’équipe.

Dévouement et discipline :

Le CS Vienne rugby aura, au fil des années, su montrer son dévouement et sa discipline. La Grande Guerre laissera un souvenir tragique en mémoire mais la période d’après-guerre verra la création de la FFR et propulsera le rugby vers une popularité croissante.

Une histoire ponctuée de hauts et de bas, de temps forts, de joueurs emblématiques et de victoires mémorables. Le CS Vienne n’a jamais eu peur de relever de nouveaux défis, où chaque défaite est une leçon et chaque réussite une grande et belle fête.